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Espagne : le Parlement dénonce le revirement de Pedro Sanchez sur le Sahara

La Chambre des députés espagnols a dénoncé jeudi 7 avril l’abandon de la position «historique» de neutralité de l’Espagne sur le Sahara occidental par le gouvernement qui a décidé mi-mars de soutenir le plan d’autonomie marocain pour mettre fin à une crise diplomatique avec Rabat.

Ce changement par rapport à la «position historique» de neutralité de l’Espagne «revient de facto à appuyer la voie proposée par le Maroc en abandonnant la base d’une solution politique mutuellement acceptable» par Rabat et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutient le texte adopté par les députés. Ce vote est un revers pour Pedro Sanchez, totalement isolé au Parlement sur ce dossier. Il intervient le jour de sa visite à Rabat où il doit rencontrer le roi du Maroc Mohammed VI pour marquer la réconciliation entre les deux pays.

La résolution du Parlement accuse ainsi «une partie du gouvernement», en référence aux socialistes, d’avoir «modifié unilatéralement sa position» sur le Sahara «en contradiction avec les résolutions de l’ONU et du droit international», sans en débattre avec les députés.

Le texte, initié notamment par Podemos, parti de gauche radicale allié de Pedro Sanchez au sein du gouvernement, mais adopté grâce aux voix de 168 députés de gauche comme de droite, affirme donc que «la Chambre des députés ratifie son soutien aux résolutions de l’ONU et à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso)».

Les députés ont également souligné que «seul le dialogue, la négociation et un accord obtenu de bonne foi et de manière constructive, conforme au droit international, aideront à parvenir à une solution politique juste, réaliste, viable, durable et acceptable par les deux parties, au conflit politique dans le Sahara occidental».

Pour rappel, 118 députés, provenant uniquement du Parti socialiste, ont voté contre ce texte tandis que 61 députés du centre et d’extrême droite se sont abstenus.

Le conflit dans l’ex-colonie espagnole du Sahara occidental, oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination. Abandonnant sa tradition de neutralité, Madrid a annoncé le 18 mars son soutien au plan d’autonomie pour le Sahara, désormais considéré comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour résoudre ce conflit. Un geste attendu par Rabat pour mettre fin à une crise de près d’un an avec Madrid et salué comme une victoire diplomatique «historique» au Maroc, mais vivement critiqué en Espagne.